La Multinationale poétique

LMP

Requiem pour la mort de Dieu et pour celle de Bernard Noël qui s’est occulté le 22 clinamen de l’an 148 de l’E.’P.

***


Dieu est-il mort ou bien les dieux 
A qui ma prière s’adresse?
Faut-il renoncer aux adieux?
Qui entendra notre détresse?  

La terre est vide et le ciel creux
Jadis peuplés de tant de fêtes.
Un temps où nous étions heureux
Quand les dieux dansaient sur nos têtes.  

Zeus a cessé de nous poursuivre
De sa colère et de son foudre.
L’or pour nous s’est changé en cuivre
Et le marbre réduit en poudre. 


Jéhovah ne nous parle plus
Sur le Sinaï déserté
Et tout n’est qu’infernaux palus.
Que faire de la liberté?

 

Le Christ descendu de la croix
Ne s’élève plus dans les cieux.
Je ne peux pas dire: “Je crois”
Innocent comme nos aïeux.  

J’aurais aimé  au fond des bois
Célébrer des cultes étranges.
Maintenant le vin que je bois
N’est que celui de nos vendanges. 

Pan joyeux quand reviendras-tu
Jouer de ta flûte enchantée?
L’écho pourtant se fait têtu
De l’aire que tu as hantée.  

Caché dedans les frondaisons
À l’heure où le pâtre sommeille
Tu rêvais gaillardes saisons
Et lourdes grappes de la treille.  


Tu épouvantais les troupeaux
Taquinais nymphes  et bergères.
Bouffon dépourvu d’oripeaux
Tu aimais les cuisses légères.  

Par les après-midi d’été
Tu  guettais l’ardent chevrier
Qui en état d’ébriété
Eros s’empressait de prier.  

Satyres faunes et sylvains
Chèvre-pieds aux cornes fourchues
Nos efforts sont devenus vains
Pour prier vos ombres déchues. 

A qui donc  adresser nos plaintes?
Les lauriers des bois sont coupés.
Plus de liturgie, plus de saintes
Plus de fées, d’anges attroupés . 

Plus de séraphins en extase
Plus d’auréoles ni d’encens.
Plus de Mercure et son pétase
Plus de dieu qu’on verrait dansant. 

Tournerons-nous vers Zoroastre
Nos vœux  restés inexaucés

           Si dans le ciel plus aucun astre

            Ne nous permet de nous hausser?

           Nitchevo, rien, Frédéric Nietzsche

           Pas même l’éternel retour

           Jamais plus ne me rendra riche

           De l’or de l’immortel amour.

                            fa 

Fernando Arrabal

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Réquiem por  la muerte de Dios y  la  de  Bernard Noël 

que  se ocultó el 22 de clinamen del año 148 de l’E. ‘P.   


¿Ha muerto Dios o los dioses

Para quien la oración  pronuncio?

¿ A despedirme renuncio?

¿ Quién oirá mi desamparo?

Vacía  ya la tierra , hueco el cielo

¡Con tantas fiestas antaño!

En otros tiempos  más felices

Bailaban para mí los dioses.

Zeus ya no nos persigue

Con su cólera y su rayo.

El oro cobre se ha vuelto

Y el mármol ya está hecho polvo.

Jehová ya se calló

En el  Sinaí desierto.

Todo es pantanoso infierno

¿La libertad , luce en vano?

Cristo de la cruz descendió

Nunca más subirá al cielo

Ya no puedo decir : “yo creo”

Con la inocencia de mi  abuelo.

En los bosques me hubiera gustado

Extraños ritos celebrar.

Ahora  el vino que  bebo

Sólo es el de mi lagar.

¿ Jocoso Pan, ya volverás

A tocar tu flauta encantada?

El eco de años atrás

Aún se oye en tu tierra .

En espesas frondas oculto

Mientras el pastor dormía

En sueño rendías culto

A los racimos de la parra.

A los rebaños asustabas

A  las ninfas perseguías

Bufón , desnudo andabas

Te gustaban las livianas.

En verano , por la tarde,

Al cabrero acechabas

Borracho , hacía  él alarde

De  sus  amorosas plegarias.

Sátiros faunos y silvanos

Con pies  y cuernos de chivos

En vano nos esforzamos

Ya sois sombras, nada vivos.

¿ A quién dirigir nuestras quejas?

Los laureles fueron cortados.

Ya no hay liturgia ni santas

Ni  hadas, ni ángeles agrupados.

Ni extáticos serafines

Ni aureolas ni incienso

Ni Mercurio y sus afines

Ni en un dios que bailara pienso.

¿ A Zoroastro dirigiremos

Nuestras  inútiles súplicas

Si de ningún astro en los cielos

Ya  no  esperamos réplicas?

Nitchevo , nada, Federico

Ni el eterno retorno

Ya nunca más me hará rico

Con tu oro, santo amor, ya no me adorno.

fa

Fernando Arrabal

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