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Dieu est-il mort ou bien les dieux
A qui ma prière s’adresse?
Faut-il renoncer aux adieux?
Qui entendra notre détresse?
La terre est vide et le ciel creux
Jadis peuplés de tant de fêtes.
Un temps où nous étions heureux
Quand les dieux dansaient sur nos têtes.
Zeus a cessé de nous poursuivre
De sa colère et de son foudre.
L’or pour nous s’est changé en cuivre
Et le marbre réduit en poudre.
Jéhovah ne nous parle plus
Sur le Sinaï déserté
Et tout n’est qu’infernaux palus.
Que faire de la liberté?
Le Christ descendu de la croix
Ne s’élève plus dans les cieux.
Je ne peux pas dire: “Je crois”
Innocent comme nos aïeux.
J’aurais aimé au fond des bois
Célébrer des cultes étranges.
Maintenant le vin que je bois
N’est que celui de nos vendanges.
Pan joyeux quand reviendras-tu
Jouer de ta flûte enchantée?
L’écho pourtant se fait têtu
De l’aire que tu as hantée.
Caché dedans les frondaisons
À l’heure où le pâtre sommeille
Tu rêvais gaillardes saisons
Et lourdes grappes de la treille.
Tu épouvantais les troupeaux
Taquinais nymphes et bergères.
Bouffon dépourvu d’oripeaux
Tu aimais les cuisses légères.
Par les après-midi d’été
Tu guettais l’ardent chevrier
Qui en état d’ébriété
Eros s’empressait de prier.
Satyres faunes et sylvains
Chèvre-pieds aux cornes fourchues
Nos efforts sont devenus vains
Pour prier vos ombres déchues.
A qui donc adresser nos plaintes?
Les lauriers des bois sont coupés.
Plus de liturgie, plus de saintes
Plus de fées, d’anges attroupés .
Plus de séraphins en extase
Plus d’auréoles ni d’encens.
Plus de Mercure et son pétase
Plus de dieu qu’on verrait dansant.
Tournerons-nous vers Zoroastre
Nos vœux restés inexaucés
Si dans le ciel plus aucun astre
Ne nous permet de nous hausser?
Nitchevo, rien, Frédéric Nietzsche
Pas même l’éternel retour
Jamais plus ne me rendra riche
De l’or de l’immortel amour.
fa
Fernando Arrabal
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Réquiem por la muerte de Dios y la de Bernard Noël
que se ocultó el 22 de clinamen del año 148 de l’E. ‘P.
¿Ha muerto Dios o los dioses
Para quien la oración pronuncio?
¿ A despedirme renuncio?
¿ Quién oirá mi desamparo?
Vacía ya la tierra , hueco el cielo
¡Con tantas fiestas antaño!
En otros tiempos más felices
Bailaban para mí los dioses.
Zeus ya no nos persigue
Con su cólera y su rayo.
El oro cobre se ha vuelto
Y el mármol ya está hecho polvo.
Jehová ya se calló
En el Sinaí desierto.
Todo es pantanoso infierno
¿La libertad , luce en vano?
Cristo de la cruz descendió
Nunca más subirá al cielo
Ya no puedo decir : “yo creo”
Con la inocencia de mi abuelo.
En los bosques me hubiera gustado
Extraños ritos celebrar.
Ahora el vino que bebo
Sólo es el de mi lagar.
¿ Jocoso Pan, ya volverás
A tocar tu flauta encantada?
El eco de años atrás
Aún se oye en tu tierra .
En espesas frondas oculto
Mientras el pastor dormía
En sueño rendías culto
A los racimos de la parra.
A los rebaños asustabas
A las ninfas perseguías
Bufón , desnudo andabas
Te gustaban las livianas.
En verano , por la tarde,
Al cabrero acechabas
Borracho , hacía él alarde
De sus amorosas plegarias.
Sátiros faunos y silvanos
Con pies y cuernos de chivos
En vano nos esforzamos
Ya sois sombras, nada vivos.
¿ A quién dirigir nuestras quejas?
Los laureles fueron cortados.
Ya no hay liturgia ni santas
Ni hadas, ni ángeles agrupados.
Ni extáticos serafines
Ni aureolas ni incienso
Ni Mercurio y sus afines
Ni en un dios que bailara pienso.
¿ A Zoroastro dirigiremos
Nuestras inútiles súplicas
Si de ningún astro en los cielos
Ya no esperamos réplicas?
Nitchevo , nada, Federico
Ni el eterno retorno
Ya nunca más me hará rico
Con tu oro, santo amor, ya no me adorno.
fa
Fernando Arrabal
